PATRIMOINE : l'Hôpital de Vandeuil
Article, rédigé par Nadine Poulain, il a été publié dans la revue "Entre deux terroirs"
Un hôpital civil situé en pleine campagne sur le territoire d'un petit village à la fin du 19e siècle à de quoi surprendre.
Nous allons découvrir l'histoire de l'hôpital St Joseph de Vandeuil et dans le prochain numéro nous reviendrons sur la vie de son fondateur: le Comte de Sachs.
Direction Reims Direction Fismes
L'hôpital Saint Joseph est communément appelé "Hôpital de Jonchery-sur-Vesle", alors que de fait, il se situe sur le territoire de la commune de Vandeuil, en bordure de la route nationale, à environ 250 mètres de la limite de la commune de Jonchery, à gauche du côté de Fismes. Sur la photo ci-dessous, on peut voir que l'hôpital se trouvait à l'angle du chemin de Hourges à Jonchery. Ce chemin communément appelé par les anciens, chemin de l'hôpital a été coupé par la déviation.
Un ouvrage datant de 1900 écrit par le Docteur Colanéri (ancien externe des hôpitaux de Paris et lauréat de la faculté de Paris) intitulé « Historique et résultats de dix ans de fonctionnement d'un hôpital cantonal » nous permet de comprendre la situation de l'époque.
Les hôpitaux et les hospices devaient, en grande partie, leur existence à la générosité d'un donateur charitable.
Les villes souvent bénéficiaient de tous les dons et les campagnes étaient à quelques exceptions près, oubliées dans la distribution de ces largesses. Les communes rurales en raison de leur maigre budget, se déchargeait sur la générosité des médecins pour les soins aux indigents et le corps médical des campagnes à toujours fait preuve d'un dévouement et d'un désintéressement dignes d'éloges, en soignant gratuitement les pauvres.
Origine de la fondation de l'hôpital
Le docteur Colanéri nous relate la naissance de l'hôpital : « l'idée de la création d'un hôpital à Jonchery est née du cœur, comme toute grande œuvre humanitaire. Monsieur le comte Ferdinand de Sachs avait un grand cœur.Dans un entretien amical, autour du lit d'une malade très chère, M. de Sachs me confiait pendant une nuit de décembre 1888, quelques projets d'œuvres charitables qu'il pensait réaliser. Tout en approuvant l'importance de ses idées et de leur réalisation, je signalais à mon tour, la lacune qui existait dans les campagnes, au point de vue des soins aux indigents : les difficultés nombreuses pour le traitement approprié en raison du milieu de malades ; le manque d'initiative intelligente en l'absence de médecin, et, souvent le résultat manqué faute d'un milieu convenable. Un silence réfléchi accueillit cet échange d'idées.
Huit jours après cet entretien, par une rare délicatesse de cœur dont M. de Sachs avait le secret, la chère malade, Mme de Sachs, au début de la convalescence d'une grave maladie, m'annonça, en présence de son mari, la création projetée d'un petit hôpital, et me demanda de vouloir bien collaborer au projet.
L'hôpital de Jonchery était né. L'achat d'un terrain et d'une maison, située à deux cent cinquante mètres du village de Jonchery, sur la route nationale de Reims à Paris, fut effectué quelques semaines plus tard.
L'éminent architecte, Monsieur Alphonse Gosset prêta son précieux concours à la transformation de la maison et un projet complet fut proposé à M. de Sachs et approuvé par lui. »
Le docteur Colanéri fait une description très précise des locaux : « L'hôpital de Sachs se compose d'un bâtiment, rez-de-chaussée parallèle à la route nationale et de deux ailes perpendiculaires au corps principal.
L'hôpital contient ordinairement 14 lits, dont deux par chambre d'isolement et cinq par salle commune. Les lits, au point de vue de l'hygiène et de la propreté, ne laissent rien à désirer. Les sommiers sont à ressorts métalliques.
Au fond du couloir de l'aile droite, une petite salle d'opérations, isolée des salles des malades. La table d'opération est en fer, avec dessus en verre, de même que les tablettes porte-objets. Des bocaux et un autoclave complètent le mobilier.
Les angles de toutes les salles sont arrondis et l'aération est complétée par des vasistas mobiles à la partie supérieure des fenêtres. Le cubage d'air pour chaque salle est de 160 à 170 mètres cubes pour les salles communes et de 60 à 70 pour les chambres d'isolement et la salle d'opération. Une salle de bain et des water-closets appropriés ; de l'eau froide et chaude, celle-ci est obtenue par un termo-syphon partant des cuisines, complètent l'aménagement intérieur de l'hôpital.
Un vaste jardin de 88 ares en partie potager et en partie ombragé sert de promenade aux malades.
Le premier étage est réservé aux chambres des religieuses. Celles-ci, au nombre de trois, appartiennent à l'ordre de N.D. de Saint-Erme. Par leur dévouement et l'intelligence de leurs soins, elles se sont acquis dans la contrée, l'admiration et une profonde sympathie (éducation des enfants, soins donnés aux malades).
Le service médical journalier est assuré par mon excellent ami, M.Van Bunnen, médecin à Jonchery, que je suis heureux de remercier ici pour le précieux concours et l'assistance qu'il m'a prêtée en toute circonstance avec un complet dévouement.
M. de Sachs désira me voir prendre la direction générale de l'œuvre et ajouter aux visites faites aux hospitalisés, principalement en cas d'intervention chirurgicale, des consultations externes à jour fixe.
Ainsi organisé, l'hôpital ouvrit ses portes le 1er octobre 1889. Ce fut un jour de grande joie pour les populations des 13 communes environnantes à qui on donnait le droit d'envoyer les indigents malades au nouvel hôpital. »
Le samedi 28 septembre, Son Eminence Monseigneur Langénieux, Archevèque, accompagné du vicaire général Monsieur l'abbé Cauly vint bénir le nouvel hôpital. Cette cérémonie est relatée dans le « bulletin du diocèse » de 1889 en ces termes : « tout auprès du village de Jonchery, s'élève maintenant un hôpital bâti et fondé par la famille de Sachs. M. le Comte de Sachs dira lui-même quelle fut l'origine de cette belle œuvre.
La maison est placée au milieu de la campagne dans un site enchanteur, à proximité de la gare, un vaste jardin l'entoure. L'aménagement intérieur est parfait ; salle pour les malades, salles d'isolement et d'opérations, salles de bain, buanderie, logement des religieuses sont dignes du talent de M. Gosset, l'habile architecte, et de M. le docteur Colanéri.
La maison, dit le courrier de champagne, avait été gracieusement décorée de verdure, d'oriflammes et d'écussons aux armes du Souverain pontife, de Mgr l'Archevèque et de la famille de Sachs ; Un arc de triomphe avait été élevé à l'entrée principale, et une avenue d'arbres verts conduisaient à un charmant autel dressé au milieu de jardin. Les murs disparaissaient sous les guirlandes de lierre. Des portières en velours rouge, rehaussé de galons et franges d'or, garnissaient toutes les portes.
Dès 9 heures du matin, malgré une pluie fine qui commence à tomber, les populations des pays voisins arrivent en foule et prennent place sur des sièges disposés dans la cour intérieure. Nous remarquons tous les curés et tous les maires des localités qui doivent bénéficier de l'hôpital. Bientôt arrivent les équipages des châteaux voisins, amenant toutes les nobles familles qui sont la Providence des malheureux et des faibles dans la contrée.
Dès que Son Eminence a revêtu les habits pontificaux, Monsieur le Comte lui adresse les paroles suivantes :
Eminence,
Il y a un an, un grand malheur nous menaçait, le Bon Dieu semblait nous préparer une grande épreuve et nous demander un immense sacrifice. Madame de Sachs, clouée depuis de longues années déjà sur la croix (M. et Mme de Sachs ont perdu leurs fils Arnold 3ans en 1853, Charles en 1880 et leur petite fille en 1877 ), était tout à coup gravement menacée.
A la nouvelle de cette maladie, Monseigneur, vous nous avez encouragés par vos prières et votre paternelle bénédiction. Toute la population des pays voisins voulut dans cette pénible circonstance prendre part à nos appréhensions et demander avec nous à Dieu la guérison de notre chère malade.
Le Bon Dieu daigna rendre à notre affection une épouse bien-aimée. Nous venions de contracter une double dette de reconnaissance, il nous fallait remercier Dieu de cette faveur insigne et reconnaître la sympathie dont nous avions été entourés.
La fondation de ce modeste hôpital nous a paru remplir ce double but. Ici les membres souffrants seront soignés par les servantes de Dieu et des malades, et les villages voisins dans la personne de leurs pauvres recueilleront le témoignage de notre reconnaissance. C'est sous le vocable de St Joseph que nous avons placé cet asile, parce que, ayant été choisi par Dieu pour protéger la Sainte Famille, il a plus de crédit pour être le modèle et le bienfaiteur de tous.
Mgr l'Archevèque félicite la noble famille. C'est une œuvre de charité chrétienne et de patriotisme car de tels bienfaits aident à la solution de la question sociale. Les riches qui donnent leur superflu pour le soulagement des pauvres méritent d'être loués et encouragés.
Ensuite à lieu la bénédiction. Avant de se retirer, chacun voulut serrer la main de la Comtesse de Sachs, qui était fort émue de ces témoignages d'affectueuse reconnaissance. »
Le Docteur Colanéri précise que Monsieur Paul de Sachs, fils de M. et Mme de Sachs était présent à l'inauguration de l'hôpital.
Dans son numéro du 3 octobre 1889, le journal « le courrier de la champagne » donne quelques informations supplémentaires. On apprend qu'en quelques mois, l'hôpital fut bâti et meublé par la maison Gagne-Denier à Reims et le journaliste décrit les lieux ainsi : « Si nous entrons, nous sommes émerveillés. Tout est confortable, toutes les salles avaient été aménagées avec luxe........on est agréablement charmés par un air de bien-être et de confortable qui fait honneur à la famille de Sachs et à ceux qui ont mené à bonne fin cette entreprise charitable..... Monsieur le Maire de Jonchery (Monsieur Casimir Liénard) prit la parole et se fit l'interprète de tous, en remerciant, en excellents termes, la famille de Sachs au nom des pays voisins. »
Le bon fonctionnement de l'hôpital fut dans ses derniers temps la préoccupation principale du Comte de Sachs. Il se rendait presque chaque jour à l'hospice pour visiter les malades.
La maladie et la mort de Monsieur de Sachs (1890) et de Mme de Sachs (1891) montrèrent à nouveau la reconnaissance des populations par les affectueuses démonstrations d'attachement qu'elles reportèrent sur le fils, Monsieur Paul de Sachs. Paul de Sachs, capitaine breveté d'Etat-Major officier d'ordonnance du général commandant la 32ème brigade à Nevers donna sa démission pour se consacrer uniquement aux œuvres de bienfaisance fondées par son père. L'œuvre, toujours selon le docteur Colanéri n'eut pas à souffrir de la perte de son fondateur. On peut même dire que la jeunesse du fils et la bonté charmante de sa jeune femme apportèrent à l'œuvre une vie nouvelle, faite d'amélioration et d'un appoint charitable par la création dans le village de Jonchery, d'une garderie d'enfant.
Un autre témoignage nous est relaté par le bulletin diocésain dans la nécrologie de l'abbé J. B. Antoine, curé de Montigny-sur-Vesle : «.... Dans le voisinage de Montigny, au château de la Ville aux Bois, habitait alors un vénérable vieillard, M. de Sachs, la providence des pauvres de la contrée. L'abbé Antoine gagna bientôt son amitié et il en profita souvent pour le bien de ses paroissiens. Quand M. le Comte résolut de construire l'hôpital Saint Joseph, à Jonchery, le curé de Montigny fut un des premiers confidents de son projet. Il fut aussi l'auxiliaire le plus dévoué, ne ménageant ni soins, ni démarches pour le seconder dans cette entreprise charitable. Quand vint le jour de la bénédiction, il fut heureux et fier de diriger la décoration de l'édifice afin de marquer le vif intérêt qu'il portait à l'oeuvre et aux pauvres pour qui elle est fondée.... »
Après avoir pris connaissance de l'origine de l'hôpital de Vandeuil, voyons à présent son fonctionnement grâce au rapport très précis du docteur Colanéri.
Résultat de dix ans de fonctionnement de l'hôpital (par le Docteur Colanéri)
« Les communes admises à bénéficier de l'hôpital Saint-Joseph, sont au nombre de treize (l'abbaye d'Igny n'est pas comptée comme commune) : Jonchery-surVesle, Vandeuil, Breuil-Romain, Sapicourt, Courcelles, Rosnay, Hourges, Unchair, Crugny, abbaye d'Igny, Montigny-sur-Vesle, Prouilly, Pévy, Muizon. Le nombre des indigents de chaque commune est variable mais restreint, étant donné l'aisance de la région.
L'admission des malades est faite par les médecins de l'hôpital, ou sur indication du confrère traitant. Le maire de la commune fait connaître sur un imprimé ad hoc, si le malade est inscrit sur la liste des indigents de la commune ou si par exception il juge à propos d'assimiler momentanément le malade à un indigent Les chroniques ne sont pas admis, ni les femmes en couches Toutefois, si après accouchement, et, par ce fait, il existe des cas qui demandent une intervention chirurgicale ou des soins médicaux, les malades de cette catégorie sont admis à l'hôpital.
Le nombre total des malades qui ont réclamé l'hospitalisation, et les consultations externes pour les dix années, a été de 10 920. (Quatre cents malades auront réellement bénéficié d'une hospitalisation).
Les journées des malades hospitalisés ont varié dans cette décade de 2 105 (en 1890) à 700 (en 1896).
Le total des journées a été de 13 503. En y ajoutant les journées du personnel pour établir le prix de revient de la journée, le nombre total est de 25 003.
La dépense totale pour cette période, y compris les frais généraux, pharmacie, honoraires du médecin de Jonchery et des religieuses, est de 53 660 francs, dont la moyenne annuelle de 5 366 francs, porte celle de la journée à 2 francs (environ 2 euros 50). Ce prix de 2 francs est sensiblement égal au prix des hôpitaux, dont le nombre des hospitalisés est proportionnellement bien supérieur à celui d'un petit hôpital ; dans celui-ci, les frais généraux restent élevés en raison même de sa situation à la campagne, du prix plus grand de certains objets, du petit nombre relatif d'hospitalisés et dans notre hôpital de la générosité avec laquelle on a traité les malades.
Les services que semblable organisation a rendus aux 400 hospitalisés, et l'économie réalisée par les communes pour ces malades, encouragent pareille dépense. »
Le docteur Colanéri continue en ces termes : « nous ne pensons pas pouvoir tirer des conclusions statistiques au point de vue de la mortalité (48 décès sur 400 hospitalisés) étant donné le nombre restreint de malades.
Nous donnons le tableau des interventions et leur nature (voir ci-dessous), pour bien mettre en évidence que dans un hôpital à la campagne, bien organisé, on peut se livrer à des interventions chirurgicales, graves et délicates, au grand avantage des blessés, aussi bien que dans les hôpitaux des villes.
Si l'affection chirurgicale réclame l'habileté consommée d'un opérateur spécialisé pour des grandes interventions, telles que l'estomac, intestin, etc..., l'opération faite à la campagne aura d'autant plus de chance de réussir. Dans ce cas, souvent le déplacement du chirurgien d'une ville, si le confrère de la localité ne veut accepter une lourde responsabilité, est plus facile, que le déplacement du malade. »
L'hôpital a vite rendu des services. En effet, on peut lire dans un article de 1889 du « courrier de la Champagne » :
« Dimanche, jour du concours de Ventelay, un grave accident s'est produit entre Romain et Ventelay au bas de la côte. Il était environ 6 heures du soir, le garde champêtre de Romain, M. Théodore Boissel, vieillard de 75 ans, s'en retournait de Ventelay à Romain, quand il fut heurté par un jeune cycliste d'une quinzaine d'années, nommé Henri Harang, de Romain. Le choc fut si rude que M. Boisset eut la jambe cassée au-dessus de la cheville. Les deux os furent rompus et brisés en esquilles, trouant les chairs, faisant plaie. Le malheureux garde dut être transporté à l'hôpital de Jonchery où il subissait avant-hier lundi, après-midi par les docteurs Vaillant, de Fismes, et Bocquet, de Jonchery, l'amputation de la jambe broyée. Vu son grand âge, l'état du blessé est des plus précaires. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie de Fismes à l'effet d'établir les responsabilités de ce grave et regrettable accident. »
Un autre article du 19 février 1890 du « courrier de la Champagne » relate cet autre accident : « mardi dernier à huit heures du matin, un accident terrible est arrivé à un jeune ouvrier de l'usine électrique ; ce jeune homme conduisait, sur une voiture à bras, un accumulateur du poids d'environ 300 kilogrammes à la gare (de Jonchery-sur-Vesle). Au passage à niveau, cet accumulateur fut secoué et s'avança sur le devant de la voiture au point de faire venir toute la charge sur les bras du conducteur, qui dut tirer de toutes ses forces ; malheureusement, son pied glissa sur la terre gelée, le pauvre garçon fit une chute et l'appareil emballé dans une forte caisse, lui tomba sur la jambe et la lui broya au-dessus de la cheville. Le premier pansement lui fut fait chez ses parents par M. Van-Bunnen, en attendant que l'on puisse disposer pour lui d'un lit à l'hôpital. »
Quelques instruments chirurgicaux de l'époque :
Résumé des opérations suivies de guérison
Les causes de décès suites aux opérations pratiquées dans les dix années étudiées sont les suivantes :
« deux cas de tétanos, chez deux charretiers, qui tombés de leur voiture, en état d'ivresse, eurent des plaies souillées, larges et multiples ; l'un d'eux ayant une fracture comminutive avec ouverture large de l'articulation tibio tarsienne, n'accepta pas la proposition d'une amputation qui probablement lui aurait sauvé la vie.
Deux fractures de vertèbres par chute d'un arbre.
Une pauvre femme, amenée dans un état d'infection puerpérale profonde ne put survivre aux tentatives bien graves d'intervention.
Un vieillard amené tardivement pour une hernie étranglée ne vécut qu'un mois à l'établissement d'un anus contre-nature.
Notre intervention demandée pour apaiser les douleurs intolérables d'un sarcome du fémur, à marche très rapide, n'épargna pas longtemps la malade.
Généralisation de la tuberculose péritonéale, trois mois après l'intervention chez une des opérées.
Quoique très modeste, nous avons tenu à donner en entier le mouvement du service de chirurgie avec ses revers et ses succès. »
Le docteur Colanéri conclut son rapport ainsi : « ....Si l'exemple de l'hôpital de Jonchery-sur-Vesle pouvait faire naître de l'initiative, soit privée, soit combinée par des associations collectives, un réseau de créations nouvelles analogues, je serais très heureux d'avoir pendant ces dix années de travail, aussi faible soit-il, contribué à l'idée de la nécessité de créer des hôpitaux cantonaux. »
Qu'est-il advenu de l'hôpital ?
Nous avons vu que Paul Othon de Sachs avait quitté l'armée pour se consacrer aux œuvres de son père (entre- autre de l'hôpital.) En 1896, dans le registre du bureau de bienfaisance de la commune de Jonchery-sur-Vesle , le maire fait remarquer que Jonchery bénéficie de la générosité de Monsieur le Comte de Sachs, fondateur d'un hôpital où sont admis et soignés gratuitement les malades indigents de la commune. En 1904, il est de nouveau fait mention d'une admission à l'hôpital de Sachs. Ensuite plus rien. Par contre, en 1913, une personne indigente est admise à l'assistance médicale afin d'être soignée aux frais de la commune dans la clinique chirurgicale du Docteur Pozzi à Reims. L'hôpital de Sachs avait-il cessé de fonctionner ?
Ensuite vient la grande guerre 1914-1918 avec ses diverses calamités ...
Monsieur Dumond écrit dans le « bulletin du comité des fêtes de Jonchery » : « En août ou septembre 1918, l'hôpital Saint Joseph est détruit par les bombardements de l'artillerie allemande. Il n'a pas été possible de déterminer la date exacte de sa complète démolition compte tenu des imprécisions des rapports militaires à ce sujet et de l'absence de témoins qui auraient pu le faire savoir dans leurs correspondances ou en relatant leurs souvenirs. » Détruit, il ne sera jamais reconstruit.
Mais une question se pose : pourquoi cet hôpital détruit qu'en 1918, bien agencé, n'a-t-il pas été utilisé pendant la guerre ? Nous n'en avons trouvé aucune trace. Des lecteurs pourront peut-être nous apporter des réponses.
Cet hôpital a rendu de grands services à la population grâce à la générosité du comte Ferdinand Georges de Sachs.
Dans le prochain numéro d' « Entre Deux Terroirs », nous retracerons la vie de cet homme et de sa famille.
Petit clin d'œil : si l'état de santé ne nécessitait pas une hospitalisation, voire une consultation, les habitants pouvaient trouver leurs remèdes dans les publicités du « courrier de la Champagne» de 1889. Certaines sont truculentes et étonnantes.
Sources :
Archives diocésaines
Bibliothèque Carnégie CH M 1670 et Journal « le courrier de la Champagne » 1889 et 1890
Archives municipales de Jonchery-sur-Vesle
Archives Départementales de la Marne 10 R 4643
Bulletin du comité des fêtes de Jonchery-sur-Vesle N°35